dimanche 6 avril 2014

Rwanda, 20 ans Après.









20 ans! Par moment j'ai du mal à réaliser que ça fait aussi longtemps que le génocide rwandais s'est terminé. En même temps, j'ai aussi parfois du mal à croire que ça fait parti de moi, que je l'ai vécu ou que ça ait tout simplement existé. Je sais que c'était réel bien sûr, en tout cas mon cerveau le sait mais mon coeur a du mal à concevoir autant de violence. J'ai du mal à croire que les hommes puissent être aussi cruels...que mon pays ait perdu de son humanité l'espace d'un instant.


Je n'avais que 11 ans à l'époque du génocide. Alors humainement et humblement,  je vais vous parler du peu dont je me rappelle. Tout d'abord, je ne suis en rien qualifiée pour aborder un sujet aussi sensible et aussi important, sans doute je vais faire beaucoup d'erreurs mais ou je vais tirer beaucoup de conclusions sans preuves mais soyez indulgents.


Quand je pense à Avril 1994, je pense à la peur. Je ne serai dire pourquoi mais cette peur m'obsède jusqu'à ce jour. La peur jusqu'aux tripes, dès que la première bombe a explosé vers 5h du matin ce 7 Avril. Je me rappelle avoir couru dans la chambre de mes parents pour demander ce qui se passait mais bien sûr aussi pour me réfugier dans leurs bras, à l'époque je pensais que mes parents etaients de super héros avec la force de me protéger de tout mal. D'ailleurs une fois dans leur lit, je me suis sentie sereine, je me disais que tout allait s'arranger, sauf que non, le mal avait pris possession du pays, les explosions fusaient de partout, les interahamwe (la jeunesse de MRND en majorité) avaient envahi les rues...et j'ai vu la peur dans les yeux de mes parents, cette même peur que moi-même je ressentais. Dès cet instant, j'ai su que non les choses n'allaient pas s'arranger.


J'en ai vu des cadavres, malgré mon jeune âge, famille, amis, connaissances inconnus. J'ai pleuré,  j'ai été en colère pendant et après à cause de la mort et à cause de beaucoup d'autres choses qui ont découlées de ce massacre. J'ai perdu mon innocence, j'ai failli en perdre mon âme comme beaucoup de rwandais sans doute. J'en ai voulu au monde, à l'ONU à l'occident de nous avoir laissés dans notre misère, de nous avoir regardé mourir comme des rats derrière la télé!


Alors que si vous êtes rwandais, que vous soyez  hutu ou tutsi et qu'un jour vous avez ressenti cette peur, cette rage; Je vous demande de désormais dire non. Je ne sais pas quelles sont vos raisons d'avoir ressenti la peine, la peur, la frustration,...ca pourrait être parce qu'on a massacré votre famille entière, que vous avez perdu des camarades de classe, que vous avez passé des semaines sans manger, qu'on ait emprisonné un membre de votre famille qui se trouvait être innocent....les raisons qu'on d'être en colère son nombreuses mais si on choisissait la paix? Et si on choisissait de pardonner?


Malgré notre passé, je pense que la paix, l'harmonie dépend d'abord de nous. Du pardon qu'on est prêt à accorder ou non. De notre envie de nous reconstruire, de notre souhait à vivre ensemble. Je ne sais pas si ce sera facile ou si même on peut y arriver, mais on ne saura jamais avant de vraiment essayer. Beaucoup me diront éternelle optimiste, rêveuse...peut-être le suis-je. Mais il n'y a rien de mal à avoir de l'espoir pour son pays, pour le seul endroit au monde où on se sent chez soi, Si?


La vie ne nous a pas épargné, chaque enfant du Rwanda pourrait avoir une raison de pleurer, depuis des années on est éparpillés à travers le monde, les familles sont décousues, la confiance n'est plus. On pourrait dire qu'on est tous "Rwandaisphobie" tout simplement parce qu'on se mefie les uns des autres, on préfère faire largement faire confiance à un belge, suédois, argentin...peu importe plutôt qu'un rwandais. Rien de plus triste que de ne pouvoir discuter ouvertement avec ceux qui à priori sont censés nous comprendre.


Pour cette vingtième commémoration...je vais donc vous dire mes chers compatriotes, apprenons à pardonner, apprenons à nous aimer. Ne transmettons pas à nos enfants le poids du passé, le poids de nos erreurs, de nos crimes, de notre colère, de notre tristesse. Faisons en sorte que le monde leur reconnaisse une place, autrement que parce que leur pays a connu l'horreur. Faisons en sorte que se déclarer être rwandais nous rende sincèrement fier.





Sincèrement,
Clo

1 commentaire:

  1. je partage le meme reve et je Croix et j y veilleure que ma descendence ne resente meme peine meme college meme honte que j ai resenti envers mn pays

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